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Web-Reportage

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Primaire Républicaine à Lille : les jeunes se lancent dans la campagne

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Réalisé par Pierre Gault et Vincent Morel
07 Novembre 2016

Speakers

« Je refuse d'envisager une hypothèse aussi absurde qu'un second tour entre Marine Le Pen et François Hollande. Il faudrait que nous ayons été très très mauvais pour que cela arrive » déclarait Bruno Le Maire, le soir du second débat des primaires de la droite et du centre. L’ancien ministre de l’Agriculture a sans doute raison. Le candidat qui arrivera en tête à l’issue du scrutin des 20 et 27 novembre prochain, aura de grandes chances de s’imposer à l’élection présidentielle de 2017.

Aujourd’hui, ils sont sept à y prétendre : Jean François Copé, François Fillon, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Frédéric Poisson, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Pour les départager, 10 228 bureaux de votes ont été disséminés dans toute la France par la Haute Autorité en charge de la primaire. Le département du Nord est celui qui en compte le plus grand nombre : 364 au total. Faut-il y voir un statut particulier conféré à ce territoire? Et ainsi le percevoir comme un enjeu majeur/décisif dans cette élection ? « Absolument pas » assure Antoine Sillani, Responsable Départemental et Délégué National des Jeunes Républicains. « La répartition s’est faite proportionnellement au nombre d’habitants. Il est donc normal que le Nord recueille autant de bureaux ». Néanmoins, d’après plusieurs informations, la Haute Autorité aurait également pris en compte les résultats des présidentielles de 2012 pour lotir le mieux possible les circonscriptions dans lesquelles les candidats de droite dominaient.

Infographie : Qui sont les septs candidats à la primaire de la droite ?

Toujours est-il que la campagne dans le Nord fait rage. Les sept candidats enchaînent les meetings ;  des moments forts, souvent médiatisés, qui sont à la fois l’occasion de transmettre des messages et d’afficher leurs soutiens parmi les maires et députés.

© Vincent Morel

Le Nord, un enjeu majeur pour la campagne

"Même si la primaire n'est pas dans la culture de la droite, la réalité politique fait qu'on en a besoin."

 

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Thierry Solère - Député LR en charge de la primaire à droite

L’engagement des Jeunes Républicains

Leur campagne ne se limite cependant pas à ces seuls évènements. Elle se joue aussi au niveau local, sur le terrain. A Lille comme partout en France, des équipes et des comités se sont engagés en faveur de la plupart des candidats. Depuis plusieurs semaines, ils s’organisent et se mobilisent toujours dans un seul but : faire pencher la balance pour celui qu’ils considèrent le plus amène pour briguer la fonction présidentielle dès 2017. La plupart sont jeunes et sont issus de la Fédération Nord des Républicains. « C’est une nouvelle génération qui monte petit à petit » explique Antoine Sillani. « Leur investissement s’avère très important puisqu’ils sont tout simplement le meilleur moyen de rattraper les votes chez une jeunesse qui se sent désabusée et qui a du mal à croire en l’avenir ». 

A l’instar de « Nous Les Jeunes » pour Nicolas Sarkozy ou bien des « Jeunes avec Juppé », tous les  candidats (à l’exception de Jean-Frédéric Poisson) disposent aujourd’hui de leur mouvement de jeunes. Derrière leur fonction de simple soutien, ces derniers sont totalement intégrés dans les différentes stratégies de campagne. Leur intérêt : rendre l’image du candidat dynamique et moderne. « Ce n’est effectivement pas pour rien que nous nous affichons avec Alain Juppé lors des rassemblements » reconnait Florian Wieckowski, responsable du comité de soutien pour le candidat sur la métropole lilloise. « On essaye de casser l’apparence froide et austère que certains électeurs peuvent percevoir chez lui ».

Les concurrents à cette primaire comptent également sur leurs équipes pour multiplier les actions militantes avec pour principale cible, les jeunes. Une nouvelle fois, ce sont les mouvements des deux favoris dans les sondages qui se distinguent le plus (en la matière). En misant sur des stratégies différentes, les deux camps ont réussi efficacement à investir le terrain. Tandis que les pro « sarkosystes » misent davantage sur l’outil numérique pour coordonner et organiser leurs missions, les soutiens « juppéistes » s’appuient sur un ensemble de cellules implantées au sein des universités lilloises. « Nos comités ont été créées dès avril 2015 » détaille Florian Wieckowski. « A cette époque, nous étions trois et la primaire de la droite était bien loin. Mais aujourd’hui, ça paye. Beaucoup de personnes nous ont rejoints. L’idée, c’est vraiment de faire en sorte que les étudiants tractent dans leur propre université, comme si c’était leur quartier. Cela permet d’engager la discussion plus facilement ».

Antoine Sillani et Florian Wieckowski lors d'un débat à la permanence des Républicains à Lille

© Vincent Morel

L'outil numérique, au cœur de la campagne

Infographie : Comment aller voter à la primaire des Républicains ?

"Entre 5 et 8 millions, c'est le coût estimé de la primaire"

Thierry Solère - Député LR en charge de la primaire à droite

"8% du corps électoral français participerait au scrutin, soit un peu plus de 3,5 millions d'électeurs"

Enquête BVA

Le traumatisme de 2012

Malgré ce duel à distance et les enjeux qui découlent de la primaire, tous sont unanimes sur une chose : la nécessité de préserver l’unité du parti. « C’est vraiment le mot d’ordre qu’on s’est tous fixé » confirme Louis Delemer, référent officiel de la campagne de l’ancien Président de la République à Lille. « Une charte a d’ailleurs été rédigée par les Jeunes Républicains à cet effet. Elle stipule notamment qu’aucun d’entre nous ne doit se laisser aller à des attaques personnelles envers un candidat. Il ne doit y avoir qu’un débat sur le fond des différents programmes proposés. Et, bien entendu, il est évident qu’on se rangera tous derrière le candidat vainqueur et qu’on fera tout pour qu’il gagne les élections de 2017 ».

Sous l’impulsion d’Antoine Sillani, plusieurs évènements sont organisés pour préserver et montrer cette cohésion. Parmi eux, l’intervention de certains cadres du parti comme Laurent Wauquiez mais aussi des débats entre les représentants jeunes des différents candidats. « Ce genre d’évènements doit à tout prix nous réunir » estime Théophile, sympathisant républicain venu assister à l’un de ces échanges. « Même si tous ceux qui sont présents ont déjà une préférence pour un candidat, ces moments restent nécessaires. On veut éviter de reproduire le drame de 2012 avec cette bataille entre Jean François Copé et François Fillon. Je pense que ça serait dommageable aussi bien pour le parti que pour les sympathisants et les adhérents ».

© Vincent Morel

Des Lillois viennent assister à un débat organisé à la permanence des Républicains le 18 octobre

Reste qu’il est difficile pour ces jeunes référents de se suppléer aux candidats qu’ils représentent. Durant la soirée, tous les thèmes seront abordés : les frontières européennes, l’espace Schengen, l’immigration, les fichés S, la dépénalisation du cannabis, la question scolaire… Mais lorsque viennent les questions-réponses avec le public présent, plusieurs d’entre eux marquent des hésitations voire avouent qu’ils ne savent pas y répondre. Les scènes sont plus ou moins cocasses. Certains iront même jusqu’à prendre des notes pour préparer et améliorer leurs futures interventions.

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La participation des électeurs de gauche : une crainte commune ?

Un paramètre, indépendant de la volonté des Républicains, jouera peut être un rôle décisif dans le résultat du scrutin : la possible mobilisation des électeurs de gauche. La primaire, étant ouverte, n’est pas uniquement réservée aux sympathisants du parti.

En octobre dernier, une enquête du Monde et de Cevipof réalisée par Ipsos - Sopra Steria, estimait que 10% des votants seraient des sympathisants de gauche. Leur proportion par rapport au nombre total de participants, évalué entre quatre et cinq millions, serait certes assez faible mais aurait un impact non négligeable. D’autant plus qu’une grande partie se laisserait tenter par Alain Juppé. Un choix qui pourtant réduirait au minimum les chances du candidat socialiste d’atteindre le second tour des élections présidentielles.

Leur vote serait motivé par l’envie d’éviter le retour de Nicolas Sarkozy à la tête de l’Etat mais serait aussi une forme d’anticipation. Face à la montée du Front National et des sondages qui depuis plusieurs mois placent constamment Marine Le Pen au second tour, certains électeurs de gauche prévoiraient déjà la défaite de leur parti ainsi qu’un front républicain dont bénéficierait le candidat de la droite, à savoir Alain Juppé.

Tractage des Républicains qui fait réagir

Florian Wieckowski, jeune référent pour la campagne d’Alain Juppé, pense lui aussi que cette supposée participation n’aura « aucune incidence sur le résultat final ». Malgré tout, il estime qu’une grande différence existe entre les électeurs de gauche et les déçus du hollandisme. « Il ne faut pas que ce soit un argument pour décrédibiliser d’avance le scrutin qu’on a voulu mettre en place » conclut-il.

Toujours selon la même étude, une partie d’un autre électorat se mobiliserait les 20 et 27 novembre prochain : celui du Front National. Il serait environ 10% à vouloir y participer…

Témoignage d'un Lillois de gauche - Eric
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Témoignage d'une Lilloise de gauche - Yvonne
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Des tracts des Républicains et du Front National qui sont jetés à terre au marché de Wazemmes

© Vincent Morel

Face à ces possibilités, les avis des jeunes représentants divergent. « Je ne crois pas vraiment que les sympathisants de gauche se déplacent pour voter à la primaire. Même si certains iront, je doute que ça fasse la différence… » indique Louis Delemer. « Et puis, ce n’est quand même pas rien d’aller dans un bureau de vote et de s’engager à signer une charte qui dit qu’on partage les valeurs républicaines de la droite et du centre. J’espère que ce sera respecté ».

The Conference

Des tracts des Républicains et du Front National qui sont jetés à terre au marché de Wazemmes

© Vincent Morel

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